Placer un parent, une mère ou un père, en EHPAD est une décision souvent chargée d’émotions complexes.
Pour de nombreux enfants, l’idée de voir un parent âgé quitter son domicile pour intégrer un établissement de soins spécialisé peut s’accompagner d'un profond sentiment de culpabilité. La culpabilité émerge souvent du sentiment d'abandonner un proche ou de ne plus pouvoir assumer le rôle d’aidant à domicile, surtout lorsqu'il s'agit de sa propre maman ou d’un parent très proche. Les maisons de retraite et les EHPAD sont pourtant des structures adaptées aux personnes âgées en perte d’autonomie, souvent touchées par une maladie ou une fragilité nécessitant une prise en charge médicale. Lorsque le maintien à domicile devient impossible ou dangereux, l’accueil en établissement représente parfois la seule option pour garantir des soins appropriés. Mais ce choix, bien que nécessaire, soulève des interrogations émotionnelles profondes pour les enfants, qui peuvent se sentir responsables du bien-être de leurs parents et coupables de cette séparation.
Le placement d’un parent en EHPAD ou maison de retraite est une décision souvent difficile à prendre pour les enfants et qui peut déclencher un sentiment profond de culpabilité.
La culpabilité ressentie par les enfants lors du placement d’un parent, que ce soit une mère ou un père, en établissement, trouve ses racines dans plusieurs facteurs.
En France, les maisons de retraite et les EHPAD sont encore souvent perçus comme des lieux de séparation définitive, où l’on "abandonne" une personne chère. Ce sentiment d’abandon est amplifié lorsqu’il s’agit d’une personne très proche, comme sa propre maman ou son père.
Les enfants peuvent éprouver le sentiment de trahir leur rôle, surtout lorsqu’ils ont assumé cette responsabilité pendant de nombreuses années. Les enfants se retrouvent tiraillés entre le désir de prendre soin de leur parent et l’incapacité, pour des raisons de santé, de fatigue ou de manque de soutien, de continuer à assurer ce rôle à domicile. La décision de placer un proche en EHPAD, bien que souvent motivée par la recherche de sécurité et de soins appropriés, est alors vécue comme un choix de dernier recours, renforçant le sentiment de culpabilité.
Cette culpabilité est exacerbée lorsque la personne âgée souffre d’une maladie comme Alzheimer, qui réduit progressivement son autonomie. Face à cette perte d’autonomie, les enfants se sentent impuissants, d’autant plus lorsque les soins à domicile ne sont plus suffisants et que le placement devient inévitable.
Plusieurs indicateurs montrent que le maintien à domicile d'un parent âgé n'est plus sûr ou adapté. Lorsque la perte d’autonomie devient trop importante, la personne peut ne plus être capable de réaliser les actes essentiels de la vie quotidienne, comme se laver, se nourrir ou se déplacer seule. Ces situations concernent souvent les personnes dépendantes souffrant de maladies neurodégénératives, telles que la maladie d’Alzheimer, où la dégradation progressive des facultés mentales et physiques met la personne en danger.
Les chutes répétées, les accidents domestiques ou la désorientation fréquente sont des signes qu’il faut prendre au sérieux. Lorsque la maison, autrefois un lieu de vie sécurisant, devient source de risques, le maintien à domicile peut aggraver la situation. Le manque de soins adaptés, même avec l’intervention d’aides à domicile, ne suffit parfois plus à assurer la sécurité du senior
Enfin, l’épuisement de l’aidant est un autre signal important. Lorsque l’aidant ne parvient plus à assurer ces tâches sans compromettre sa propre santé, le placement en EHPAD devient une option à envisager sérieusement.
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Prendre la décision de placer un proche en maison de retraite ne doit pas se faire dans la solitude. Le dialogue avec les professionnels de santé est essentiel pour évaluer la situation de manière objective. Les médecins généralistes, gériatres, ou psychologues peuvent apporter un regard éclairé sur l’état de santé du parent et conseiller les enfants sur les meilleures solutions à envisager.
Les professionnels de santé aident à déterminer si le maintien à domicile est encore possible avec des adaptations ou si un établissement spécialisé est nécessaire pour garantir la sécurité et le bien-être du senior. Ce dialogue permet également de désamorcer la culpabilité ressentie par les enfants en soulignant que le placement n’est pas un échec, mais une solution pour offrir des soins adaptés à un moment où l’aide à domicile devient insuffisante.
> Comment réagir face au refus d’aide d’une personne âgée ?
Placer un parent en maison de retraite, malgré le sentiment de culpabilité que cela peut engendrer, offre de nombreux avantages pour la personne âgée et sa famille.
Les maisons de retraite et les EHPAD sont équipés pour répondre aux besoins spécifiques des personnes âgées en perte d’autonomie, en particulier celles atteintes de maladies chroniques comme Alzheimer ou Parkinson. Le personnel médical, composé d’infirmiers, de médecins et d’aides-soignants, est formé pour prodiguer des soins adaptés à chaque résident. Cela inclut la gestion des traitements médicaux, la surveillance continue de la santé, ainsi que l’assistance dans les gestes quotidiens que les enfants ou aidants ne peuvent plus assurer à domicile.
Le placement en établissement permet également d’accéder à des équipements spécialisés qui ne sont pas disponibles à domicile, comme des dispositifs pour prévenir les chutes, des lits médicalisés et une infrastructure adaptée pour les personnes en fauteuil roulant ou souffrant de troubles de la mobilité. Ainsi, la sécurité et la santé des résidents sont priorisées dans un cadre sécurisé et médicalisé, réduisant les risques liés à la perte d’autonomie.
Pour les enfants ou aidants, placer un parent en maison de retraite peut être vécu comme une libération, même si la culpabilité persiste. Cette décision permet à l’aidant de retrouver un équilibre de vie, de se recentrer sur sa propre santé et ses relations familiales, tout en ayant l’assurance que le senior reçoit des soins adéquats et est entouré de professionnels compétents.
Les aidants, souvent épuisés physiquement et émotionnellement, peuvent enfin souffler, sachant que la prise en charge est confiée à des personnes qualifiées. Cela allège également les tensions familiales, notamment entre frères et sœurs, en répartissant plus équitablement la responsabilité des soins. Le placement en EHPAD permet ainsi de restaurer une relation plus sereine entre les membres de la famille et de retrouver une qualité de vie qui peut être sérieusement impactée par le rôle d’aidant.
> Que faire en attendant une place en maison de retraite ?
Placer un proche en EHPAD ne signifie pas rompre les liens familiaux. Au contraire, les visites régulières permettent de maintenir une relation de qualité, souvent libérée du stress et des tensions liées à la gestion quotidienne des soins. En visitant fréquemment leur parent, les enfants peuvent continuer à jouer un rôle affectif et présent, tout en sachant que les besoins médicaux et pratiques sont pris en charge.
Le parent, même en établissement, bénéficie de la présence de sa famille. Les visites, les appels téléphoniques, et les sorties occasionnelles créent un cadre rassurant pour la personne âgée, qui se sent entourée. Ce lien continu avec les proches permet également de réduire la solitude et l'isolement que peuvent parfois ressentir les seniors en maison de retraite. En apportant des souvenirs, des objets familiers ou en partageant des moments de vie, les enfants participent activement au bien-être psychologique de leur proche.
En fin de compte, maintenir ce lien renforce l’idée que la décision de placer un parent en EHPAD n’est pas une rupture, mais une nouvelle forme de relation, où chacun retrouve son rôle sans la pression des soins quotidiens.
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